Au centre de la discorde se trouve le projet de loi organique n°97.15, que la Chambre des conseillers doit examiner en séance plénière. Les représentants syndicaux estiment que cette version impose des mesures trop contraignantes, limitant l’organisation et la portée d’une grève. Ils dénoncent en outre un « passage en force », vu que plus de 200 amendements ont certes été proposés ou acceptés, mais sans que la substance du texte soit réellement modifiée. À leurs yeux, l’avant-projet demeure incompatible avec l’article 29 de la Constitution, censé garantir la liberté de grève.
Les centrales syndicales affichent chacune leur propre lecture de la situation, tout en partageant le même rejet de la démarche gouvernementale. La Confédération démocratique du travail reproche à l’exécutif d’exploiter sa majorité parlementaire pour accélérer l’adoption de la loi, sans prêter suffisamment d’attention aux revendications ouvrières. L’Union nationale du travail au Maroc pointe un défaut de dialogue et s’inquiète d’une approche qu’elle qualifie de « coercitive », défavorable à l’expression syndicale. L’Organisation démocratique du travail va jusqu’à qualifier le procédé d’« anticonstitutionnel » et se dit prête à saisir la Cour constitutionnelle et l’Organisation internationale du travail. La Fédération des syndicats démocratiques insiste pour sa part sur les dangers que ce texte fait courir aux acquis sociaux, notamment dans l’éducation et la santé. L’Union marocaine du travail, enfin, justifie son appel à une grève de 48 heures par la nécessité d’un réel dialogue social et par l’absence de tout consensus sur un texte si sensible.
Au-delà de ce projet de loi, les syndicats critiquent l’attitude générale du gouvernement sur plusieurs dossiers. Ils l’accusent d’ignorer le pouvoir d’achat en laissant les prix monter en flèche, de recourir à des réformes unilatérales comme la fusion CNOPS-CNSS ou encore de geler le dialogue social lors de plusieurs sessions successives, alors qu’ils jugent impératif de négocier sur les salaires et les retraites. Les organisations syndicales préviennent qu’en l’absence de réaction gouvernementale à ces signaux d’alarme, elles pourraient lancer de nouvelles actions, voire des recours juridiques aux échelons national et international.
La grève annoncée menace de ralentir ou de bloquer plusieurs secteurs essentiels, qu’il s’agisse de l’administration, des transports, de l’éducation, de la santé ou de certaines grandes entreprises.