L’institut Pasteur du Maroc, un établissement stratégique en constante évolution

L’institut Pasteur du Maroc, un établissement stratégique en constante évolution

L’Institut Pasteur à Casablanca / Crédit: MAP

L’institut Pasteur du Maroc continue, depuis sa création à Casablanca il y a plusieurs décennies, de développer son champ d'activités pour remplir ses diverses missions.

Recherche scientifique, analyses biologiques, prestations de service en sécurité alimentaire et environnement, et production de produits biologiques, l’IPM est désormais un véritable instrument stratégique dans la politique sanitaire du Maroc. Il ne faut pas remonter longtemps pour s’en rendre compte.

Durant la crise Covid-19 par exemple, l’Institut a été à l’avant-garde, aux côtés de toutes les forces vives de la nation dans la mobilisation face à la pandémie.

Il y a lieu de rappeler dans ce sens, que le premier cas enregistré au Maroc, le 02 mars 2020, a été détecté par l’Institut Pasteur de Casablanca, notamment à travers son laboratoire de virologie médicale, le seul au Maroc de niveau de sécurité 3 qui relève du ministère de la Santé, à côté de ceux relevant des Forces armées royales.

Ainsi, il a été durant cette période l’un des bras de l’Etat en matière de la veille épidémiologique et génomique, mais également durant l’opération de vaccination anti-Covid à travers le contrôle de la qualité du vaccin et sa distribution.

Et il n’est pas question que du Covid-19. Près de 75% du marché national de produits biologiques et de vaccins relèvent des compétences de cette institution pour détenir une autorisation de mise sur le marché, ainsi que pour leur importation et distribution.

Cette place importante et cette expertise cumulée par l’IPM au fil des années sont reconnues non seulement à l’échelle nationale, mais bel et bien à l’échelle continentale, lui valant d’être désigné par la commission de l’Union africaine et son agence technique l’Africa CDC, tour à tour comme centre d’excellence nord-africain et hub régional en matière de surveillance génomique, de formation des professionnels de la santé et d’accompagnement de pays africains frères et amis, outre la vaccinologie anti-Covid.

Allant encore de l’avant, l’Institut est désormais pleinement engagé dans une question hautement stratégique pour le Maroc et qui a trait à la fabrication locale des vaccins et des produits biotechnologiques, conformément à la vision Royale visant la souveraineté vaccinale du Maroc.

Pilier important dans la sécurité sanitaire d’un pays et pour la préparation de la riposte à toute pandémie, la fabrication locale permettra aussi au Maroc de réduire le risque d’exposition aux pénuries et aux ruptures de stock, ainsi que d’assurer par exemple une production locale de sérums antivenimeux adaptés aux spécificités locales.

L’ambition affichée par le Maroc étant de couvrir 70% des besoins de vaccin de l’Afrique pour les 5 vaccins les plus importés.

À cet effet, l’IPM noue des partenariats avec des acteurs privés et s’est, entre autres, doté d’un Laboratoire de contrôle de la qualité des vaccins, sérums et produits biotechnologiques. Inauguré en octobre 2023, ce laboratoire vise à augmenter la capacité de contrôle de qualité des produits fabriqués localement ou importés, conformément aux exigences de la pharmacopée européenne et aux exigences propres du fabricant.

Cette initiative vise également, à l’instar d’autres structures importantes de l’IMP, à former des cadres marocains et africains et à assurer le rôle de centre collaborateur de la future Agence africaine du médicament (AMA) pour contrôler la qualité des vaccins et produits biologiques commercialisés sur le continent. Tant de chemin a été parcouru par l’IPM depuis ses premiers pas.

Pour rappel, la présence pasteurienne au Maroc remonte à 1911, date à laquelle une filiale de l’Institut Pasteur de Paris avait été créée à Tanger.

Le 15 novembre 1929 a été décidé la création de l’institut Pasteur du Maroc à Casablanca, sur l’initiative du Dr Emile Roux, à l’époque directeur de l’institut Pasteur à Paris.

En juin 1967, un accord est conclu entre l’Institut Pasteur et le gouvernement marocain: l’Institut, dénommé « Centre de sérums et vaccins », a été transformé en établissement public marocain doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière, et placé sous la tutelle administrative du ministère de la Santé publique.

En novembre 1967, l’Institut Pasteur a cédé gratuitement au Maroc l’Institut Pasteur de Tanger. L’ensemble du Centre de sérums et vaccins de Casablanca et Institut Pasteur de Tanger a pris le nom d’Institut Pasteur du Maroc (décret royal du 29 novembre 1967), avant de reprendre dernièrement le titre initial « Centre de sérums et vaccins », suites aux orientations du gouvernement en attendant une modernisation de l’appellation. Cette institution poursuit donc sa mue pour être à la hauteur de nouveaux défis.