Cependant, ces technologies de communication dissimulent un vrai danger, surtout pour les enfants et les jeunes incapables de différencier entre la vie réelle et virtuelle. « Les réseaux sociaux présentent pour les jeunes un espace favori d’expression et de communication, où il se sentent capables de discuter en toute liberté, de nouer des relations avec leur pairs, mais malheureusement, parfois, cet espace peut devenir une cour de règlement de compte ou de vengeance », explique le Professeur Youssef Bentaleb, président du Centre marocain de recherches polytechniques et d’innovation (CMRPi)
« Les conflits entre les jeunes dans le milieu scolaire peuvent se transformer en bataille sur les réseaux sociaux », a poursuivi M. Bentaleb, également directeur de l’Espace Maroc Cyber Confiance. Et d’insister que la lutte contre la cyberviolence dans le milieu scolaire est un impératif qui passe par une approche éducative, par la sensibilisation continue aux valeurs de respect et de responsabilité dans le monde numérique. Le Pr Bentaleb tient à rappeler que les termes « cyberharcèlement » et « cyberintimidation », aussi dits « cyberhrassment » au Royaume Uni, ou « cyberpesten » en Allemagne ou encore « cyberbullying » dans les pays anglo-saxons, sont parfois utilisés comme synonymes, bien que certaines personnes utilisent la cyberintimidation pour désigner spécifiquement le harcèlement en ligne et entre mineurs ou en milieu scolaire.
L’ensemble de ces termes désignent tout acte agressif perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes des nouvelles technologies d’information et de communication, de façon répétée, à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule. Ainsi, le cyberharcèlement est une forme particulière de cyberviolence plus dangereuse qui est une vraie menace pour la sécurité de la victime, qui peut la conduire, dans certains cas extrêmes, à une dépression et même au suicide, a expliqué le Pr Bentaleb. La violence physique semble ainsi dépassée par celle qui se déploie dans les espaces numériques, comme le rapporte l’ouvrage collectif « Jeunesse, genre et violences 2.0 », publié sous la direction des sociologues Sigolène Couchot-Schiex et Benjamin Moignard (L’Harmattan, 2020).
« Les professionnels de la jeunesse comme les parents ont parfois le sentiment d’être dépassés par l’activité numérique des jeunes d’aujourd’hui », souligne cet ouvrage, ajoutant que « l’espace numérique est une part de l’espace social (et non l’inverse), et il participe de l’extension du champ de la vie réelle. Plus d’amis, plus d’exposition, plus de « like », plus de valorisation ou dévalorisation de soi », lit-on dans l’ouvrage. Mettant l’accent sur les spécificités des réseaux sociaux, le Pr. Bentaleb a mis en garde les jeunes qui publient des informations personnelles sur les réseaux sociaux, facilitant ainsi la tâche aux cybercriminels qui collectent le maximum d’informations sur la victime potentielle. Avant de s’engouffrer dans l’espace virtuel, il s’avère aujourd’hui indispensable pour les utilisateurs des réseaux sociaux, jeunes et moins jeunes, de connaître les bonnes pratiques d’usage d’internet, notamment la modification des paramètres de confidentialité de leurs comptes.